Winston Churchill
Né à Blenheim Palace, Woodstock (Royaume-Uni) le 30/11/1874 ; Mort à Londres (Royaume-Uni) le 24/01/1965
Je n’ai à vous offrir que du sang, de la sueur et des larmes déclare Winston Churchill le 13 mai 1940 devant la Chambre des communes lors de son discours d’investiture au poste de premier ministre. Depuis plus de trente ans, cet aristocrate bouillonnant, excessif et sans concession, hante la politique anglaise sans jamais parvenir à son sommet. Incarnation des idéaux de l’ère victorienne, attaché à l’Empire colonial, soldat, journaliste, député, il cumule les coups d’éclats et les revers. Pourtant, lorsque la guerre éclate et que la France est en difficulté, il apparaît naturellement comme l’homme de la situation.
A l’image de De Gaulle en France, il confond son destin avec celui de la nation et endosse le rôle du personnage qui fait l’Histoire à l’heure où celle-ci vit ses heures les plus sombres.
Dès ses premières années de politique, Winston Churchill se fait remarquer grâce à des discours incisifs et ses appels à la réforme. Déçu par le Parti conservateur, il rejoint les libéraux en 1904. Après un passage comme sous-secrétaire d’Etat aux colonies, il devient ministre du commerce en 1908 sous le gouvernement Asquith. Cette même année, il rencontre et épouse Clementine Hozier avec laquelle il aura cinq enfants.
Le 3 septembre 1939,trois jours après l’invasion de la Pologne, le Royaume-Uni et la France déclarent la guerre à l’Allemagne. Les prédictions de Churchill prennent forme. Chamberlain le nomme alors nomme premier lord de l’Amirauté dès le 5 septembre. Dans les mois qui suivent, il met sur pied un plan d’attaque en Norvège en coopération avec la France. Lancé début avril 1940, le débarquement est un désastre, notamment la bataille de Narvik. L’événement rappelle cruellement la bataille des Dardanelles. Cependant, incarnant de plus en plus la lutte contre le nazisme, Churchill ne perd pas sa popularité. Au contraire, Chamberlain endosse la responsabilité de l’échec et lui laisse sa place le 10 mai 1940.
A 66 ans, Churchill parvient pour la première fois au sommet du pouvoir, et il y demeurera jusqu’à la fin du conflit. Son intransigeance, ses discours incisifs contre l’ennemi galvanisent toute une nation et font de lui le symbole de la résistance anglaise au nazisme. Considérant son pays comme le dernier rempart à la barbarie, il motive ses troupes pour la bataille d’Angleterre et fait de la victoire une nécessité non négociable : « Il vaut mieux que le dernier Anglais périsse les armes à la main et que le mot "fin" soit écrit au bas du dernier chapitre de notre histoire plutôt que de continuer à végéter comme des vassaux ou des esclaves » lance-t-il à Paul Reynaud et au maréchal Pétain qui s’apprêtent à capituler. Adepte depuis toujours d’une coopération avec la France, il n’hésite cependant pas à faire couler la flotte de cette dernière à Mers el-kebir pour éviter qu’elle ne tombe aux mains de l’Axe. De même, fervent anti-communiste, il n’hésite pas à tendre la main à Staline lorsque l’URSS est attaquée par l’Allemagne 22 juin 1941.
Winston Churchill fut l’homme de la guerre, à peine cette dernière est-elle terminée que ses concitoyens l’écartent du pouvoir. Il cède le pouvoir au travailliste Attlee lors de la conférence de Postdam. Dans l’opposition pendant cinq ans, il s’insurge contre l’indépendance accordée à l’Inde en 1947 qui va à l’encontre de son attachement à l’Empire et à l’Angleterre victorienne. A nouveau Premier ministre de 1951 à 1955, il gouverne le pays sans heurts ni éclats. Il prend sa retraite en avril 1955, poursuivant la rédaction d’ouvrages historiques qui lui ont valu en 1953 le prix Nobel de Littérature. Il se consacre également à la peinture. Il s’éteint le 24 janvier 1965 à Londres, à l’âge de quatre-vingt-dix ans. Ni le cigare qu’il arborait constamment, ni l’alcool qu’il consommait régulièrement n’auront eu raison de lui.